samedi 27 août 2011

Un peu moins, mais mieux

Jacques Martin et Maxime Talbot croient qu’un jeune qui aspire à une carrière de hockeyeur professionnel doit d’abord apprendre à mettre la pédale douce dans la pratique de son sport favori.

La suggestion peut sembler ironique, surtout lorsqu’elle est faite dans le cadre d’un grand rassemblement visant à discuter de l’avenir de notre sport national. Mais l’entraîneur du Canadien et le nouvel attaquant des Flyers de Philadelphie, qui ont émis ces propos vendredi lors du Sommet sur le hockey québécois qui se tient en fin de semaine au Centre Bell, ne sont pas les premiers à soulever cette piste de solution.

L’important, c’est la qualité et non la quantité.
« Le hockey, c’est beaucoup une question de technique et de physique, mais il y a aussi un gros aspect mental », veut faire comprendre l’entraîneur du Canadien, qui participait à une discussion sur les défis du développement du hockey en province avec Donald Audette.

« C’est important de faire savoir aux jeunes qu’ils doivent quand même s’amuser. Ils doivent avoir du plaisir à participer. Dans l’encadrement de l’enseignement, on doit prendre ça en considération. »


« Le but premier devrait toujours être de s’amuser. C’est le message que je veux lancer aux jeunes en participant au Sommet, a répété Talbot, tout juste de retour d’une semaine dans sa nouvelle ville d’adoption. J’ai été chanceux, quand j’étais jeune, d’avoir des parents très compréhensifs. Ils m’ont toujours encouragé de la bonne façon. Aujourd’hui, je veux faire ma part en partageant ma vision des choses. »

Les deux intervenants partageaient un point de vue similaire. Pour être en mesure d’apprécier pleinement la pratique du hockey, un jeune sportif doit élargir ses horizons en développant ses qualités athlétiques ailleurs que sur la patinoire.

« Mes parents ne m’ont jamais poussé uniquement vers le hockey et je crois que c’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai réussi, estime Talbot. L’été, je jouais au football et au soccer. J’allais courir avec mes parents. Je n’ai jamais vraiment participé à une école de hockey. Je crois qu’avant un certain âge, on doit développer des athlètes avant des joueurs de hockey. »

Jacques Martin abondait dans le même sens.

« Ma philosophie, c’est qu’un jeune devrait participer aux plus de sports possibles. La pratique du hockey débute généralement en septembre et s’étire jusqu’à avril ou mai, alors je pense que c’est important pour les jeunes de décrocher, de jouer au soccer, au baseball ou de faire de la natation. De cette façon, lorsqu’ils reviennent à la fin de l’été, ils ont un désir de rechausser les patins. Ils sont plus motivés que s’ils sont ancrés dans le même sport douze mois par année. »

Pour Martin, donc, il est plus important de garder la flamme allumée en prenant un peu de recul que de s’acharner lorsque le cœur n’y est pas. Le succès pourrait venir plus vite en le visant avec une petite dose de modération.

« Lorsqu’un joueur s’embarque dans une discipline comme le hockey, il doit comprendre que ses chances de rejoindre la Ligue nationale sont très minces. Il doit d’abord participer pour le plaisir, pour s’épanouir dans la pratique d’un sport. Peut-être qu’il atteindra des sommets, mais au départ, c’est important de viser la masse, de donner l’opportunité aux plus de jeunes possibles d’y participer. »

« C’est vrai que la Ligue nationale, c’est l’élite des joueurs à l’échelle mondiale. Mais on n’atteint pas l’élite sans être passionné et aimer ce qu’on fait », conclut Talbot.