Si on relie les villes d’Edmonton, Calgary et Vancouver sur une carte géographique, on obtient un mystérieux triangle dans lequel le Canadien a tendance à disparaître chaque fois qu'il s'y enfonce. À ce mythe est venu s’ajouter un autre chapitre jeudi soir. Forcé de jouer à cinq défenseurs dans un amphithéâtre où il n’avait récolté que quatre points à ses huit visites précédentes, le Tricolore a manqué de jambes en troisième période et a dû s’avouer vaincu par la marque de 4-1 contre les Oilers d’Edmonton, la pire formation de la Ligue nationale. Le Canadien venait de jouer une deuxième période inspirée quand Jordan Eberle et Ryan Jones lui ont brisé les reins en marquant dans un intervalle de 15 secondes en début de troisième.
Le coup s’est avéré fatal. Ales Hemsky, qui avait été l’auteur du premier but du match en première période, a complété la marque dans un filet désert. "J’aimerais revoir ces lancers, mais je ne peux pas, alors ça ne sert à rien de ruminer là-dessus, a philosophé Carey Price. J’ai trouvé qu’on avait assez bien joué pour gagner." Jeff Halpern avait réussi à répliquer en deuxième. Le but avait au départ été accordé à Lars Eller, qui a bien fait à son retour dans la formation, au sein de laquelle il avait été réintégré au détriment de Tom Pyatt. "Nous devons fournir un meilleur effort, a tranché Brian Gionta. Nous avons attendu la deuxième période pour trouver notre rythme et les choses ont commencé à bien aller à partir de ce moment, mais c’était un peu trop tard."
Déjà privé de quatre défenseurs réguliers, le Canadien a perdu les services de James Wisniewski dès la huitième minute du match. Wisniewski a fait dévier un tir de Taylor Hall dans son propre visage et s’est aussitôt effondré sur la glace, qui a rapidement été tachée par une marre de sang. Le blessé a été transporté à l’hôpital pour y être examiné et n’est évidemment jamais revenu dans la rencontre.
En l’absence de Wisniewski, P.K. Subban, Yannick Weber et Roman Hamrlik ont tous passé plus de 27 minutes sur la patinoire. Alexandre Picard a obtenu plus de 23 minutes de temps de glace tandis que Brendon Nash, qui disputait son deuxième match dans la Ligue nationale, n’a passé que 8:30 dans le feu de l’action. Acquis des Ducks d’Anaheim la veille, Paul Mara n’était pas en uniforme puisqu’il n’avait pas reçu son équipement à temps pour le début du match. "Ça a été difficile de perdre un de nos défenseurs clés en début de match, a constaté Jacques Martin. Les Oilers ont capitalisé sur une opportunité. On est revenu en force en deuxième, mais quelques erreurs ont été coûteuses en troisième."
Martin a aussi décidé de couper l’autre extrémité de son banc. Mathieu Darche a écopé en n’étant utilisé que pendant 5:40. Carey Price pourrait être pointé du doigt pour les deux buts rapides des Oilers, mais son équipe n'aurait probablement plus été dans le coup à ce moment de la rencontre s'il n'avait pas été aussi solide en première période. Il a terminé la soirée avec 24 arrêts. Nikolai Khabibulin en a réalisé 35, dont 16 au deuxième tiers seulement. Le reste du voyage ne s'annonce pas plus rose pour le Tricolore, qui a perdu cinq de ses six derniers matchs. Montréal n'a pas gagné à ses quatre derniers passages à Calgary et à ses huit derniers à Vancouver. "Je ne crois pas qu’on puisse qualifier notre séquence de relâchement, a argué Martin. Si on regarde à travers la Ligue, plusieurs équipes qui sont présentement écartées des séries jouent du très bon hockey. C’est une preuve de la parité dans le circuit." C’est la première fois depuis les 2 et 4 décembre que les Oilers, qui avaient battu les Stars de Dallas mardi, gagnent deux matchs de suite.